50ans Jumelage Anglet-Ansbach

 

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Marianne Varady-Richard                                                   en mai 2018

Appartenant à la génération de la guerre 39-45 - nés entre 1930 et 1950 – quand on avait oublié de dire aux enfants, que la paix était la normalité. La guerre froide régnait - les idéaux était morts – l’amitié en Europe restait notre seul espoir.

En 1968 la plupart d’entre nous travaillait déjà et n’avait pas le temps de se révolter, mais j’étais une européenne convaincue en donnant mon enthousiasme à l’amitié d’une Europe démocratiquement unie essayant d’ignorer le commerce vorace du charbon et de l’acier de 1951 et du traité de Rome de 1957.

En 2012 le prix Nobel de la Paix est attribué à l'Union européenne pour « sa contribution à la promotion de la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l'Homme en Europe » Le comité norvégien avait des lunettes complaisant - à quand le prix pour une « Culture Européenne » ? Le mercantilisme collectif et l’égoïsme de la plupart des nouveaux membres me désolent et mon enthousiasme du siècle dernier s’effiloche.

Si les héritiers de Charlemagne ne s’étaient pas avidement disputés les influences et les terres, l’Europe se serait faite dès l’an 800, d’autant plus que pour n’importe quel enfant allemand Charlemagne est un empereur allemand – il se trouve pourtant sur le parvis de Notre Dame de Paris. Même la « Chanson de Roland » écrit vers la fin du 11e siècle en langue vernaculaire sera traduite déjà 1170 en allemand par le curé Konrad et là aussi suivra l’adaptation du « Rolandslied » à la légende des chevaliers allemands.

On dénombre près de deux mille cinq cents jumelages franco-allemands, qui ne sont pas seulement sortis du « plus jamais ça » mais aussi de l’espoir d’une vraie relation européenne à naître.

Pour les grandes villes ce ne sera souvent que l'occasion de développer des rapports en matière économique et touristique en vue d’un développement des relations commerciales. – Là vous avez les contacts surtout au niveau des notables voyageant avec but précis et usages mondains.

Mais Anglet et Ansbach sont des villes à l’échelle humaine où l’on se dit encore bonjour dans la rue. Ce Jumelage est la réussite de cinquante ans d’amitié entre les deux villes, car il se base de manière vivante sur l’action municipale qui associe toute la population à l’organisation des échanges multiples pour réaliser des projets les plus divers.

Les rencontres personnelles font partie intégrale et importante de ce jumelage heureux avec une association créée dans chaque ville pour donner un large champ d’action à l’échange et aux visites familiales. Avec feu mon mari j’avais rejoint « l’Amicale Les Amis d’Ansbach » il y a trente ans et nous étions conquis par les paroles d’amitié franco-allemand de Michel DESOINDRE, le président fondateur.

Depuis cette histoire se compose d’une mémoire en commun gardée chaleureusement par tous les participants, …......... – ayant vécu près de 27 ans au sein de ce jumelage heureux, je note ici quelques mots et souvenirs très personnels :

En 1988 on fêtait les 20 ans du jumelage et sous un soleil radieux on visitait l’arbre du Jumelage, planté en 1968 dans le Jardin d’Ansbach puis dans le patio de la Mairie d’Anglet assis sur un muret nous avions une généreuse conversation avec le docteur Zumach, maire d’Ansbach et son épouse.

Puis en fin d’après-midi sur la promenade du Sable d’Or la rencontre avec Herbert KELLNER, président du Club ansbachois « der Freunde von Anglet », qui flânait seul au bord de l’océan ayant perdu le contact avec sa famille d’accueil. Faute de monnaie pour la cabine téléphonique Herbert nous accompagne à la maison et au jardin c’est sous notre figuier qu’il sortait sa tabatière de sa poche et nous étonnait en se servant une prise.

– Ce jour-là est née une grande amitié avec lui et son épouse Lisbeth. Le téléphone – encore fixe et assez payant - était un lien bien utile entre nous pour l’organisation des relations bilingues entre les deux associations.

La réunification allemande fut effective le 3 octobre 1990 et la Mairie d’Anglet invitait 03/10/1991 à la salle des fêtes pour commémorer cet anniversaire. Dans une atmosphère très conviviale mon mari y chantait spontanément avec sa voix de ténor l’hymne allemand « a capella » et avec les paroles françaises. – La nuit suivante il me quittait subitement pour sa dernière résidence.

Deux ans plus tard lors du 30e anniversaire du jumelage j’avais invité quelques amis ansbachois et anglois dans mon jardin ; Monsieur Klaus Dieter BREITSCHWERT, maire d’Ansbach s’était joint à nous. Nous mangions, buvions et conversions tranquillement en plein air comme des gens civilisés. J’avais prévenu les voisins les plus proche en leur demandant l’indulgence. –

En ce fin d’après-midi portail et porte étaient grande ouverts - tout à coup et inattendu rentrent deux gendarmes dans mon salon et se présentent. Très étonné comme nous tous Monsieur Breitschwert décline son identité en indiquant qu’il est hôte d’honneur de la ville d’Anglet.

– Les gendarmes expliquent qu’ils étaient appelés par le voisin le plus proche pour mettre fin à un soi-disant boucan, - qu’ils avaient contrôlé le bruit depuis le jardin voisin, - qu’il n’y avait aucune raison de dresser un PV quelconque. Puis ils nous souhaitent encore une bonne soirée et disparaissent.

Depuis on le sait : chez Marianne le gendarme fait son charme !

Nos amis d’Ansbach nous ont fait connaître des évènements traditionnels de chez eux, installés depuis comme merveilleuse tradition à Anglet.

Pendant un week-end du mois de décembre 1996 sous le kiosque des Cinq Cantons encore ouvert à tous vents nous avait été offert le premier Marché de Noël par Rüdiger & Margit ANLAUF et leur fille Silke et par Lis & Günter SCHEIDERER avec les fameux pains d’épice de Nuremberg à la cardamome et la cannelle, des amandes grillés et d’autres merveilles du noël allemand. Leur idée constitue maintenant l’un des événements phares des fêtes de fin d’année à Anglet.

Ce Marché franco-allemand d’Anglet est donc le plus ancien et le plus authentiques marché de noël de la Côte Basque ; il s’est agrandi, s’est embelli pour devenir le rendez-vous incontournable du temps de l’avant.

Sous la régie de Rüdiger Anlauf et puis celle de Günter Scheiderer, avec son épouse Lis près d’une dizaine de père et mères noël sont venus bénévolement d’Ansbach pour nous proposer les pains d’épices et autres merveilles du noël allemand, pour nous faire déguster le vin chaud et les fameuses saucisses grillées avec la choucroute.

Très vite les Ansbachois ont fait une petite place sous leur tente à l’Amicale qui propose en plus des traductions français-allemand parfois bien nécessaires du chocolat chaud, des bretzels, du bouillon chaud, et notre trésorier Bernard faisait un excellent café pour accompagner les gaufres.

Début les années 2000 nous est venus de la municipalité d’Ansbach l’idée d’un « Oktoberfest à Anglet ». La première édition avait encore eu lieu dans l’ancienne salle des fêtes municipale en front de mer à la Chambre d’Amour. La bière était formidable et les plats et charcuteries bavarois succulents, malheureusement les fourneaux installés sous une tente à l’extérieur étaient victimes d’inondations. On s’arrêtait une année, car la construction de l’actuel « Espace de l’Océan » prenait de la place et du temps.

Puis un chapiteau pour l’Oktoberfest d’Anglet était dressé au Sables d’Or. Les gros bras de la brasserie TUCHER d’Ansbach apportait leurs fûts pour remplir leurs chopes d’un et deux litres. – Madame Maria MAURER, la charcutière d’Ansbach était sans rancune pour l’inondation des cuisines et proposait avec grand succès ses jarrets rôtis sur choucroute, les incontournables saucisses grillées, et son « Leberkäs », un pain de viande typique de Bavière. – Ulrich ERLINGER, qui d’habitude nous servait les saucisses au Marché de Noël était de l’équipe Maurer.

Günter SCHEIDERER avait apporté ses délicieux vins de Franconie pour ceux et celles qui le préféraient à la bière.

L’Amicale se chargeait de nettoyer les tables et de maintenir l’ordre ; en plus elle proposait du café et du gâteau en dessert.

Il faut dire qu’il y avait toujours une ambiance chaleureuse et la bière trop légère pour alourdir l’atmosphère.

Un orchestre bavarois mettait de l’ambiance jusqu’à une heure du matin.

Une fois pourtant j’ai dû intervenir, ce soir-là il y avait beaucoup de jeunes biarrots et des membres du Biarritz Olympique dans la salle.

L’orchestre se mettait à jouer l’air du chanteur compositeur autrichien Udo JÜRGENS, un air très connu en allemand sous le titre « griechischer Wein/le vin grecque » qui avait été composé en hommage aux Grecs qui venaient travailler en Allemagne et qui avaient la nostalgie de leur pays et du vin de chez eux.

L’Aviron bayonnais avait tout officiellement demandé au compositeur une édition pour la France, et ce « Vino Griego » version Pena Baiona était devenu l’hymne de l’Aviron bayonnais et du rugby en générale.

– Les musiciens bavarois ne savaient rien de tout cela, -  mais le Biarritz Olympique protestait en n’appréciant guerre l’hymne de l’Aviron bayonnais pour accompagner leurs chopes.

Contre la promesse d’une grande bière les musiciens entonnaient alors un air moins dangereux. 

En 2007 à presque quarante ans du jumelage une fête de la bière avait encore une fois lieu dans le tout nouveau bâtiment de « l’Espace de l’Océan ».

En plus des brasseurs, de Madame Maria Maurer, de Günter Scheiderer on y voyait souvent les maires d’Ansbach Monsieur FELBER et Monsieur BREITSCHWERT dans la salle en toute simplicité et grande convivialité.

Pour être complet il faut dire que l’Amicale avait tout organisé et budgétisé en 2008 afin de présenter pour les 40 ans du jumelage aux Ansbachois un « Zikiro», soit un méchoui du Pays basque où le gigot de mouton cuit au feu de bois, mais est embroché sur un pieu planté verticalement dans le sol afin d'éviter ainsi les retombées de graisses qui brûlent et remontent en épaisse fumée. – Nous avions engagé un professionnel d’ici avec son matériel, prévu l’achat de viande sur place avec la charcutière Madame Maurer et prévu également du cochon grillé pour les Ansbachois n’aimant pas le mouton. – Malgré l’accord du service du jumelage à Ansbach les services sanitaires sur place avaient interdit la manifestation à la dernière minute disant que cette cuisson à la basquaise ne correspondait pas aux règles sanitaires de la législation sur l'hygiène alimentaire.

Ce Jumelage familial apporte une autre vue sur les réalités du quotidien sans aucun rapport politique, parfois on s’aperçoit chez l’autre que la solution d’un problème est déjà trouvée ou abordée différemment ; mais que très peu de différences nous séparent malgré les mille cinq cents kilomètres de distance.

Ayant rejoint « L’Amicale des Amis d’Ansbach »  en 1987 animée par l’image d’une Europe unie, je m’étais aussitôt mise au service de ce jumelage vivant.

Dès son élection à la présidence en 1995 Madame Thérèse de Violet me demandait de prendre en charge la gestion active de l’Amicale, ce que j’ai fait avec grand plaisir jusqu’à la fin 2013. - Pour les remercier de leur travail, tous les anciens présidents, Monsieur Desoindre, Madame Celhay, Madame de Violet étaient exempte de cotisation à vie, et je regrette beaucoup d’avoir été rayé de la liste des membres dès 2014 n’ayant plus cotisé.

Pendant près de vingt-trois ans de présence active lors de nos rencontres j’ai vu naître dans les deux villes des amitiés profondes se liant chaleureusement, parfois même sans connaître quelques mots de la lague de l’autre. C’est la langue du cœur qui parle.

Nous sommes chez nous

dans la ville de l’autre.

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